dimanche 28 février 2010
Le pessimiste dit : “Cela ne pourrait pas aller plus mal !”, et l’optimiste lui répond : “Mais si !”.
Cette vieille plaisanterie est peut-être, malheureusement toujours d’actualité.
Si nous n’y prenons pas garde, l’alternative posée par Rosa Luxembourg, “Socialisme ou barbarie”, va nous obliger à faire particulièrement attention aux modes de fonctionnement d’un capitalisme qui use de stratagèmes odieux et grotesques pour maintenir des prérogatives qu’il s’est ingénié à mettre en place.
Karl Kraus (1874-1936) disait souvent : “L’humanité est une clientèle : Dieu a créé le consommateur”. Ce monde capitaliste est vraiment grotesque, les politiciens libéraux sont prêts à toutes les compromissions avec les businessmans les plus avides.
Pour étayer ma démonstration où, l’horrible et le pitoyable se côtoient, Jacques Bouveresse raconte dans son livre “Schmock ou le triomphe du journalisme”, l’exploit “héroïque” d’un tireur autrichien qui a réussi en un seul jour à abattre soixante-sept russes avec un fusil Mannlicher à lunette fournit par la firme Reichert, qui fabrique la lunette en question. Ce fût l’occasion d’une publicité qui vanta la qualité et les performances de ses appareils optiques[*]. Édifiant, mais pas surprenant. La guerre a transformé les marchés en champs de batailles et les champs de batailles ont été transformés à nouveau en marchés.
Finalement, Kraus avait sûrement raison lorsqu’il écrit en 1926 : “Dieu a créé d’abord le producteur, ensuite le consommateur et après cela peut-être l’homme”. La formule est juste. On peut aussi remplacer dieu par l’affairiste, ça marche aussi bien ou… aussi mal.
[*] Jacques Bouveresse.- Schmock ou le triomphe du journalisme.- Éditions du Seuil, 2001