Le deuxième tour des élections départementales confirme le premier : un immense rejet du gouvernement.
Il faut toute l’arrogance provocatrice d’un Valls pour oser déclarer : « Les Français, par leur vote, et même leur abstention, ont dit à nouveau leurs attentes, leurs exigences, leur colère, leur fatigue face à une vie quotidienne trop difficile : le chômage, les impôts, la vie trop chère. J’ai entendu ce message. »
Il faut toute l’arrogance provocatrice d’un Valls pour en conclure qu’il faut accélérer les contre-réformes. Il annonce, en particulier, le vote de quatre contre-réformes avant l’été, parmi lesquelles un projet permettant d’imposer la baisse des salaires (y compris ceux inférieurs à 1,2 fois le Smic) en augmentant le temps de travail, et de faciliter le licenciement de ceux qui refuseraient ces mesures iniques !
Quant à ceux qui prétendent incarner une « alternative à gauche » : les uns (les dirigeants du Parti communiste français), après s’être alliés au deuxième tour au Parti socialiste, s’apprêtent à gouverner avec lui des dizaines de départements pour y répercuter les mesures du pacte de responsabilité et les restrictions budgétaires ; les autres (Mélenchon) appellent… à préparer les élections régionales de décembre… Comme si toute la situation n’était pas marquée par l’abstention massive, le rejet des institutions de la Ve République, de la régionalisation et des mesures dictées par l’Union européenne !
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Les discours lénifiants, les paroles rassurantes, le brouillage généralisé du dimanche soir à la télévision n’y changeront rien : ce 22 mars 2015, un cap a été franchi.
Un cap a été franchi dans l’expression d’un rejet général qui ne s’est laissé détourner par aucun chantage, aucune menace. Un rejet qui s’est exprimé dans l’abstention massive, tout particulièrement dans les cités ouvrières, dépassant les 70 % et même 80 % dans certains quartiers de la banlieue parisienne.
Un cap a été franchi dans la marche à la décomposition d’un Parti socialiste soumis aux exigences des capitalistes et des banquiers. Un Parti socialiste qui parvient à l’exploit de permettre au Front national d’être en tête dans quarante-sept départements ! Un Parti socialiste dont la décomposition s’exprime symboliquement dans sa marginalisation dans le Nord, le Pas-de-Calais et d’autres régions ouvrières.
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Le 2 mars, vingt-cinq chefs d’État et de gouvernement ont signé un nouveau traité européen (TSCG : traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire).
Ce nouveau traité de Bruxelles reprend tout le traité de Maastricht, mais en pire ! La presse l’a baptisé « nouveau pacte de discipline budgétaire ». Discipline ? Le traité impose l’adoption de la « règle d’or » sur l’équilibre des finances publiques « de préférence en les inscrivant dans la Constitution ».
Il prévoit des « corrections automatiques » et la comparution devant la Cour européenne de justice en cas de non respect. Il impose de réduire d’au moins 5 % par an la dette publique lorsqu’elle dépasse 60 % du PIB. Pour la France, cela représenterait 90 milliards d’euros par an, bien plus que le budget de l’Éducation nationale ! Et « en cas de déficit excessif », il oblige à adopter un programme de « réformes structurelles » : privatisations, déréglementation, démantèlement des régimes de protection sociale et du Code du travail, baisse des salaires et des retraites… Ces réformes structurelles devront être approuvées par la Commission européenne qui en contrôlera directement l’exécution...
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