Parti Ouvrier Indépendant - Fédération 67 (Strasbourg Schiltigheim Haguenau Brumath Saverne Obernai…)
 







Accès à l'Espace Adhérents

Accueil du site > Analyses & Histoire > Macron l’infâme, l’a dit : « Nous retrouverons les 1ers mai un peu chamailleurs (...)

À paraître dans dans Résistances Communistes n° 130

Macron l’infâme, l’a dit :
« Nous retrouverons les 1ers mai un peu chamailleurs ! »

« Et faites vite, Je perds mon temps à écouter vos conneries. »
(Jean Genet,- « Le balcon »)

mercredi 24 juin 2020, par Serge BLOCH


Les dé-confinements :
Ils voulaient infantiliser, mais,
le Larousse de la langue française donne cette définition au mot confinement : « Situation d’une population animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture ou d’espace. » Et c’est ainsi que le gouvernement, profitant d’une épidémie, arrivant à point nommé, en a profité pour tenter de nous bâillonner et de nous museler, proférant même des menaces envers ceux qui, d’une manière ou d’une autre, tenteraient de lui résister. L’organisation et la mise en place, de l’état d’urgence sanitaire, qui n’a rien de sanitaire, mais tout à voir avec une pérennisation et accroissement de mesures liberticides, comme les attestations de sorties qui dans les mémoires ouvrières ressemblent, si ce n’est dans la forme au moins dans l’esprit, aux carnets ouvriers en usage au XIXe siècle ou bien à des libérations conditionnelles de proscrits, de taulards. Jupiter n’a même pas oublié d’inscrire en filigrane virtuel que la bonne conduite sera récompensée et que les mal-pensants et les malfaisants seront châtiés et seront redevables de 135 euros par tête de pipe[1] (et ce n’était pas de la pipe ; expression utilisée par Macron le 16 janvier dernier).

Le Nouveau monde :
Ils voulaient infantiliser, mais,
sur-le-champ, le ministre de l’intérieur, l’impétueux Castaner, qui, s’était déjà fait une réputation de psychorigide dans sa terrible répression contre les Gilets jaunes, a lâché ses troupes à l’assaut de la population déjà très inquiète de la situation sanitaire, avec des contraventions “pédagogiques”, contre les éventuels contrevenants à ses injonctions autoritaires et répressives. Et comme ça ne suffisait pas encore, il a installé un système de délations et de médisances que les gendarmes et policiers ont utilisé en permanence. Au cours des siècles passés, ce type de fonctionnement a été banalisé, mais au XXIe, la technologie aidant, munis de drones et de systèmes informatiques centralisés et performants, cette démarche qui pouvait sembler désuète et moyenâgeuse a pourtant repris du service.
Les avocaillons du “nouveau monde” ont, donc, utilisé les méthodes ancestrales, qui au XIVe siècle, autorisèrent les persécutions avec les propagations de la peste noire. À l’époque, les dénonciateurs accusèrent les juifs-lépreux de vouloir exterminer les chrétiens. À Strasbourg, en février 1349, accusés d’empoisonner les puits, quelque 2000 juifs furent brûlés vifs. Enfin, dans ses travaux d’aliéniste militaire, en 1866, le docteur Pierret a écrit : « Classe laborieuse, classe dangereuse ». Et, « Les tuberculeux sont un troupeau de faméliques dont beaucoup ne font que payer la rançon de leurs vices, de leurs désordres, de leur paresse ou du moins de leur imprévoyance. » En conséquence de quoi il demandait à ce que le pouvoir bonapartiste tienne compte du mouchardage bourgeois.
Quant à Jean-Jacques Rousseau, dans ses confessions VII : « Les planchers sous lesquels je suis ont des yeux, les murs qui m’entourent ont des oreilles : environné d’espions et de surveillants malveillants et vigilants, inquiet et distrait, je jette à la hâte sur le papier quelques mots interrompus… »

En 1853 dans son livre « Le 18 brumaire de Louis Bonaparte », Karl Marx écrivait : « Hegel fait remarquer quelque part que, dans l’histoire universelle, les grands faits et les grands personnages se produisent, pour ainsi dire, deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde comme farce. Caussidière et Danton, Louis Blanc et Robespierre, la Montagne de 1848-1851 et la Montagne de 1793-1795, le neveu et l’oncle. »

Toujours dans la rubrique “Le Nouveau monde” une autre ministre a réussi à se singulariser sans réussir à nous surprendre, Agnès Pannier-Runacher, en tant que zélatrice de François Guizot, qui en 1843, alors qu’il était Chef du gouvernement, déclara, sans ambages, une mémorable périphrase, restée dans la postérité, devant l’Assemblée nationale : « Français, enrichissez-vous ». L’actuelle secrétaire d’État, formée à l’ENA et à HEC, politicailleuse et femme d’affaire, asséna en une période de pré-confinement, le 10 mars sur CNews : « C’est le moment de faire des bonnes affaires en Bourse. »
Un mois plus tard, en plein confinement, elle déclara, peu de temps après Roux de Bezieux : « Il faudra travailler plus ». La défenseure de la start-up-nation, du franglais, de la techno et du cash est “une femme moderne” au regard de ses discours d’un autre temps.
Puis, lors du dé-confinement il y eut Stop-COVID et ses agrégats, les Brigades sanitaires, véritables milices d’état qu’ils appelèrent, avant qu’ils ne se rendent compte du ridicule de la situation, « anges-gardiens ». La reconnaissance faciale, les drones de surveillance, le tracking et l’examen de santé télé-surveillé sont déjà mis en place, comme ils tentent d’imposer la télémédecine, la téléconsultation, le téléenseignement, la téléaudience…

Bien commun et unité de la nation :
Ils voulaient infantiliser, mais,
le pamphlétaire autrichien Karl Kraus, (1874-1936), écrivait en 1900 dans un article titré : « Qu’est-ce que la presse ? » « La presse est la sixième grande puissance, disent ses admirateurs. Nous ne sommes pas ses admirateurs et nous disons : la presse est la première grande puissance. (…) Plus puissante que le roi constitutionnel de la fable, qui règne, mais ne gouverne pas, la presse porte un sceptre sans limites. (…) » Le rôle joué par la presse au cours de la période pandémique sera probablement analysé par des historiens du futur qui se pencheront sur les modes de communication des presses nationales et régionales au regard de la propagande du gouvernement mais aussi des intérêts de ses propriétaires. Or, les faiseurs de journaux n’ont pas d’opinion, ils ont des directives. Le pédagogue et journaliste marxiste, Wilhelm Liebknecht écrit, lui aussi sur la presse, en 1872 : « L’absence de caractère bénéficie de la considération. Le caractère est traîné dans la boue, l’injustice célébrée comme ordre universel divin, les dommages sociaux recouverts par des mouches, bref : vulgarité, mensonge, corruption ; corruption au sens le plus bas : tout pour de l’argent, pour tout de l’argent (…) ».
152 ans plus tard, ce constat est toujours d’actualité et comme l’écrivait D’Holbach au XVIIIe siècle, « De tous les arts, le plus difficile est celui de ramper ». Les journaleux actuels savent ramper et nous le prouvent avec ponctualité et insistance.

Les historiographes sortis du champ sémantique des premiers de cordées établiront selon leurs propres méthodes, la typologie des “Unes et des titres” utilisés pendant les deux mois de réclusion à domicile. Ils étudieront aussi, bien sûr, l’avant, c’est-à-dire la phase préparatoire, celle qui fait monter la tension et l’après, celle d’un “dé-confinement” à la carte.
Ce qu’il nous est possible d’étudier pour l’instant, c’est la pression constante, imposée aux lecteurs et aux téléspectateurs. Le pouvoir tente de resserrer chaque jour un peu plus l’étau, avec à chaque fois les annonces de nouveaux interdits et l’angoissante litanie du nombre de décès et des nouveaux contaminés. Les débordements de la “novlangue” sont utilisés par une kyrielle d’“experts” et de “sachants” parlant avec gravité aux gens d’en bas, à ceux qui ne sont toujours rien en nous expliquant la même chose et son contraire avec les experts que nous avions entendus ou lu la veille, les mêmes mots, les mêmes inflexions et la même “force de conviction !”
Les Unes de la presse font dans le toujours plus, le superlatif relatif et surtout le superlatif absolu. Elles feront les délices des producteurs de films catastrophes, Le monde vacille, Le jour ou la Bourse s’effondra, Sept milliards de confinés, ou encore, Nous vivrons avec le COVID-19, etc. Les folliculaires mentent parce qu’ils ne veulent pas savoir faire autre chose !
Les réseaux sociaux ont été utilisés par une proportion considérable de la population en recherche d’autres éléments permettant de mieux comprendre la nasse intellectuelle et morale dans laquelle on a voulu l’embourber. En période de crise, comme celle que nous venons de vivre, la com avec ses effets de manche et ses pirouettes, satisfait encore moins qu’habituellement, la population. Il ne suffit pas d’utiliser le verbiage traditionnel des gouvernements pour tenter d’abrutir, le peuple. Il ne suffit pas de réciter son bréviaire et sa vulgate d’énarques : « populaires, solidaires, écologique et éthiques, développement durable, tolérance accrues, convivialité », pour asseoir leurs pensées qu’ils pensent être dominantes et qu’ils prétendent prédominantes.

Karl Marx écrivait dans “Introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel” en 1844 : « Il s’agit de faire le tableau d’une sourde oppression que toutes les sphères sociales exercent les unes sur les autres, d’une maussaderie générale mais inerte, d’une étroitesse d’esprit faite d’acceptation et de méconnaissance, le tout bien encadré par un système de gouvernement qui, vivant de la conservation de toutes les vilenies, n’est lui-même que vilenies, n’est lui-même que la vilenie du gouvernement. »
Les mensonges politiques depuis les fariboles d’Alcibiade, pour convaincre les Athéniens de se lancer dans l’expédition de Sicile, jusqu’aux bulletins de santé de Mitterrand n’ont pas évolué sur le fond. Jonathan Swift ne nous aurait pas contredit, lui qui écrivit “L’art du mensonge politique”.
Les intérêts des Macron, des Philippe, de leurs laquais, de leurs factotums et de leurs mandants du capital-financier ne sont pas les nôtres.

Écrasons l’infâme !

P.-S.

Sources :

Karl Marx ; Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte Éditions GF

Karl Marx ; L’introduction à la critique de la philosophie du droit de Hegel Éd. Ellipses

Daniel Defoe ; Le journal de l’année de la peste Coll. Folio classique ; Gallimard

Sous la direction de Jean-Pierre Barder ; Peurs et terreurs face à la contagion Éd. Fayard

Jacques Bouveresse ; Schmock ou le triomphe du journalisme Éditions du Seuil

Éric Hazan ; La propagande du quotidien Raisons d’agir éditions

Victor Hugo ; Histoire d’un crime La fabrique éditions

Notes

[1] Tête de pipe : Entre 1851 et 1900, les exécutions capitales étaient publiques et les condamnés à mort se voyaient octroyer une pipe en lieu et place de la fameuse cigarette du condamné. Au dernier moment, juste avant de passer sur la “Bascule à Charlot”, elle était brisée, d’où l’expression casser sa pipe.


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace adhérents | Espace privé | SPIP | Debian Debian | XAMPP XAMPP | squelette