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Les mots ont un sens

vendredi 4 décembre 2009, par Serge BLOCH


Poincaré disait “Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes qui, l’une comme l’autre, nous dispensent de réfléchir”. Karl Marx bien sur beaucoup plus subtil avait écrit dans l’Introduction à la philosophie de Hegel. “Il s’agit de faire le tableau d’une sourde oppression que toutes les sphères sociales exercent les unes sur les autres, d’une maussaderie générale mais inerte, d’une étroitesse d’esprit faite d’acceptation et de méconnaissance, le tout bien encadré par un système de gouvernement qui, vivant de la conservation de toutes les vilenies, n’est lui-même que la vilenie du gouvernement”.

Lorsque Sarkozy nous parle avec emphase de Jaurès, de Blum et de Guy Moquet, la classe ouvrière se doit d’être vigilante. Elle ne peut, elle ne doit en aucune manière s’imaginer que l’intelligentsia de pouvoir a pris réellement conscience de la nécessité de revendiquer sa place dans la lutte des classes. Non, elle a simplement fait étudier à ses clercs le sens qu’elle veut donner aux mots, aux phrases, à l’histoire. Et les pouvoirs ont acquis de l’expérience, leurs modes de fonctionnements, leurs débauches de com., de publicités vicieuses, de propagandes sont rodées, sont affinées quotidiennement. Les médias, les instituts de sondages, les conseillers en ci et en ça savent jusqu’où ils peuvent ne pas aller trop loin.
Un jour on lance une désinformation, les ballons d’essais sont d’abord lestés de lourdeurs inacceptables, inapplicables puis par des stratégies de diversions qui permettent de mettre en place les éléments primordiaux du contrôle social, et qui consistent à détourner l’attention des citoyens des questions importantes et des mutations décidées par les élites politiques et économiques.
Grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes, et surtout de garder l’attention du public-citoyen-consommateur-contribuable distraite, loin des véritables “problèmes” sociaux, captivée par des sujets sans importances réelles. Garder les spectateurs (électeurs) occupé, occupé, occupé… sans aucun temps pour penser.
Puis on crée des problèmes.
On crée d’abord un “problème”, une situation prévue pour susciter une certaine réaction de la foule, de la clientèle afin que ceux-ci soient eux-mêmes demandeurs des mesures que les leaders, les gestionnaires souhaitent faire accepter.
Par exemple : laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public/citoyen soit demandeur de lois sécuritaires au détriment des libertés. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
Puis ils embrayent (ceux qui détiennent les rouages de la “gouvernance”) sur la stratégie du dégradé.
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement en “dégradé” sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles ont été imposées. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
Et nous pourrions poursuivre longtemps l’étude des différents modes de fonctionnement des régimes capitalistes contemporains.

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Jean Joseph JACOTOT (1770-1840)

Edward Berneys, psychanalyste et publicitaire, maître à penser de J. Goebbels a étudié consciencieusement W. Reich et son œuvre maitresse “La psychologie de masse du fascisme”, puis il s’est mis au service des possédants capitalistes. Ses héritiers intellectuels, les psys, les journalistes, les publicitaires, les thuriféraires, ses successeurs se sont vendus aux classes possédantes au même titre que les clergés en d’autres temps, mais avec des pouvoirs issus des technologies contemporaines qui ont décuplés les possibilités de propagations dans les esprits, dans les démarches et dans les mécanismes inconscient de nos fonctionnements sociaux.

Il faudrait que nous nous replongions dans les réflexions de Joseph Jacotot, qui nous a transmis de véritables cours d’autodéfense intellectuelle, pour reprendre une périphrase à la mode.

Jacotot révolutionnaire, exilé et lecteur de littérature française à l’université de Louvain, qui commença à semer la panique dans l’Europe savante de 1818, et qui enseignait et qui proclamait l’émancipation intellectuelle.
La grande leçon de Jacotot reprise par Jaurès est que l’instruction est comme la liberté : Elle ne se donne pas, elle se prend.

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