Parti Ouvrier Indépendant - Fédération 67 (Strasbourg Schiltigheim Haguenau Brumath Saverne Obernai…)
 







Accès à l'Espace Adhérents

Accueil du site > Analyses & Histoire > Autres temps, autres mœurs

Autres temps, autres mœurs

Paru dans Informations Ouvrières n° 114

jeudi 9 septembre 2010, par Georges HOFFMANN


Il serait peut-être utile, en ces temps troublés pour le socialisme, de citer les anciens qui ont fait le parti socialiste, je voudrais aujourd’hui faire parler Léon Blum. Voilà quelques extraits de ce qu’il dit au congrès de Tours, en 1920, congrès où la majorité du parti socialiste, pris le nom de Parti communiste en s’affiliant à la IIIème Internationale et où Léon Blum, avec une minorité, décida de “garder la vieille maison”.

Il est vrai qu’une grande majorité de dirigeants SFIO s’en furent au PC, tandis qu’ils avaient soutenu la guerre impérialiste de bout en bout, surtout pour aller avec le vent, et cela ne rendait pas forcément la position de Blum plus difficile...

Voici ce que dit Blum dans son discours de Tours le lundi 27 décembre :
“La doctrine du parti est une doctrine révolutionnaire (….) Je ne connais pas deux espèces de socialisme, dont l’un serait révolutionnaire et l’autre ne le serait pas. Je ne connais qu’un seul socialisme, le socialisme révolutionnaire, puisque le socialisme est un mouvement d’idée et d’action qui mène à une transformation totale du régime de la propriété, et que la révolution c’est, par définition, cette transformation même (…)”.

Et il précise sa pensée sur ce qu’il estime la nécessaire rupture avec le capitalisme : “le passage de l’état de propriété à un autre ne se fera pas par la modification insensible et par l’évolution continue, mais (…) à un moment donné, quand on en sera venu à la question essentielle, au régime même de la propriété, quels que soient les changements et les atténuations qu’on en aura préalablement obtenus, il faudra une rupture de continuité, un changement absolu catégorique.”

Ceci intègre tout à fait l’évolution de Jaurès sur cette question, qui, comme nous l’avons écrit, pensait au départ qu’une accumulation de réformes allait pouvoir insensiblement faire basculer la société démocratique vers le socialisme, sous la direction du parti socialiste, puis se rendait compte de l’impossibilité manifeste de cette solution “économique” du fait de la résistance de la classe possédante, prête aux plus grandes tueries pour conserver ses privilèges.

Cela dit, ce qui est intéressant dans ce que dit Blum, c’est qu’à aucun moment il n’envisage que le socialisme puisse représenter une tempérance du capitalisme. Autant essayer de tempérer un tigre affamé... Il se dira d’ailleurs “épouvanté de ce qu’il entend” au congrès de la SFIO qui verra la scission des néo-socialistes pro-capitalistes pro-européens. C’est ainsi que la SFIO maintenue résistera à un PCF très vite stalinisé, une aile gauche ouvrière se développant en son sein. Ce n’est que lorsque Blum théorisera sa célèbre différence entre “la conquête du pouvoir et l’exercice du pouvoir” que le déclin commencera. Lorsque le PS-SFIO acceptera l’isolement de la révolution espagnole, laissée aux puissances fascistes, il commencera une suite de renoncements évidents, de compromissions avec la droite, qui vont amener ce parti à la faillite complète. Et le PS ne s’est reconstitué à Épinay en 1971 que grâce à l’affirmation qu’il cherchait à renouer avec le parti de 1905, avec le socialisme, c’est-à-dire la nécessaire rupture avec le capitalisme.

Depuis son renoncement le PS Delors-Aubry va de Charybde en Scylla. Quand on dit qu’on abrogera la loi Woerth-Sarkozy si on arrive au pouvoir, est-ce pour laisser passer cette loi inique en attendant ?

Quand on se propose de l’amender, n’est-ce pas parce qu’on se situe sur le même terrain qu’elle ?

Quand on dit qu’une réforme des retraites est nécessaire (alors que la précédente était déjà une contre-réforme), est-ce qu’on se positionne en socialiste pour la rupture avec le capitalisme ou en politicien pour le capitalisme ? Car, Sarkozy a bien donné 480 milliards aux banques banqueroutières, vous donne-t-on un sous quand vous êtes en déficit ? Alors pourquoi, s’il manquait 80 milliards en 2020 pour les retraites ne pas récupérer cela sur les 480… Et de toute manière, si l’on cessait les licenciements et que l’on n’embauchait ne serait-ce qu’un million de chômeurs, il n’y aurait plus de déficit. Alors ne faut-il pas rompre avec le capitalisme pour sauver le socialisme ?

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace adhérents | Espace privé | SPIP | Debian Debian | XAMPP XAMPP | squelette