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Attention aux amalgames

samedi 21 août 2010


Je travaille depuis maintenant deux ans sur une aire d’accueil des gens du voyage (AAGV) et une grande confiance s’est installée entre eux et moi. Nous avons pu discuter de longs moments ensemble et voici ce qui en ressort.
Tout d’abord, il faut savoir que le terme « Gens du voyage » désigne des groupes différents : les Mãnouches, les Yeniches, les Forains, les Gitans et les Roms.

C’est avec le terme « Rom » qu’une confusion s’est établie avec la responsabilité de la plupart des médias et d’une démagogie populiste des responsables politiques au pouvoir.
Ils nomment Roms toute une population des pays d’Europe centrale venue en France (Nation des droits de l’Homme et de la Révolution dont la devise connue mondialement est Liberté, Égalité et Fraternité !!!) pour quitter la guerre, la xénophobie, le racisme et la misère (le capitalisme, l’Union Européenne et la crise faisant le reste).

La confusion est bien là. J’entends de toutes parts que les « Gitans » doivent rentrer dans leur pays (la Tziganie, nom entendu sur France Inter le 18 août), alors qu’ils sont français ou membre d’un état signataire des accords de Schengen. Ils ont le droit de vote, payent des impôts et des taxes et les anciens se sont battus au sein de l’armée et de la résistance pour nous libérer des régimes fascistes et totalitaires.

Un autre problème se pose : les « Roms » des pays d’Europe centrale deviennent apatrides. Ils ne sont plus rien ni dans leurs pays d’origine, ni en France. Ils ne sont ni français, ni voyageurs, ce qui veut dire qu’ils n’ont aucun accès aux aires d’accueils puisqu’ils n’ont pas de livret ou carnet de circulation qui prouve leur nationalité française et donc qu’ils sont bien des « Gens du voyage » (une nouvelle forme d’apartheid, de non existence, donc éradication d’un éventuel problème).

Pour information, le carnet/livret de circulation s’appelait, pendant les deux guerres mondiales (jusqu’à la loi du 3 janvier 1969), le carnet anthropométrique. Les juifs ainsi que les gitans devaient être obligatoirement en possession de ce document pour être fichés et mieux suivis sous le régime de Vichy. En 2010, les gens du voyage doivent toujours le faire tamponner plusieurs fois au cours de l’année dans un poste de police, et de part ce fait, ils deviennent des « citoyens de seconde zone ».
En tant que responsable d’une aire d’accueil, je me trouve dans une impasse, lorsque des « Roms » des pays d’Europe centrale se présentent. Je ne peux pas les aider, techniquement, puisque je suis obligée légalement de leur interdire l’accès à l’aire d’accueil (l’interdiction est juridique et relève du pénal), et humainement (toilettes, douches, contacts avec les services sociaux, etc.).

Ce problème est, en ce moment, un vrai sujet de débat avec les gens du voyage.
La crainte de voir les fourgons de police et de gendarmerie débarquer sur l’aire d’accueil pour effectuer des expulsions est une réalité. On peut toujours trouver des raisons de les faire sortir, même s’ils sont en règle avec les lois de la « République » : les craintes et confusions de certains habitants des villes et villages où s’installent les caravanes, les dégâts qui peuvent être faits sur les aires d’accueils (dans les médias, le nom de camp, de triste mémoire, est devenu la règle) (cf. La banlieue de Toulouse) ou pire sur leurs caravanes et leurs voitures (leurs seuls toits).

Je pense qu’il faut chercher et trouver des solutions humaines. Les vraies questions sont d’ordre sociales et économiques au sein de cette République qui dérape de plus en plus souvent. Renvoyer les Roms d’Europe centrale dans leurs pays d’origine n’est pas la solution. La seule chose que le système Sarkozy veut faire c’est récupérer les voix flottantes de l’extrême-droite en vue des prochains scrutins électoraux (la méthode est devenue classique), et pour cela il faut « taper » sur les personnes qui ont le plus de mal à être défendues, et c’est vraiment lamentable.

Je me bats avec les voyageurs, mais le fait est qu’ils commencent à baisser les bras. Ils n’ont pas assez d’aide, de soutiens.

Ils ont vraiment besoin de nous, les sédentaires républicains.

Correspondante : hb...@...

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