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Point de vue sur la situation actuelle

vendredi 14 mai 2010, par Georges HOFFMANN


L’ “ancien régime”

C’est ainsi que les socialistes, les communistes, traitaient le régime politique gaulliste, “aboli” par le vote du 10 mai 1981, amenant la gauche au pouvoir pour la première fois depuis la Libération. L’ “ancien régime”, c’était bien sûr une qualification qui rappelait la situation de la révolution française ayant aboli la monarchie.
Dans tous les cas, le terme montre bien l’état d’esprit de ce moment, où beaucoup semblait possible, où l’on s’était battu en congrès pour la rupture avec le capitalisme, la sauvegarde de la sidérurgie lorraine, la fin de l’avoir fiscal, les nationalisations, l’abaissement de l’âge de la retraite, les postes, les salaires, les congés, les services publics etc…
Aujourd’hui, avec le recul, en regardant en arrière, en comparaison, l’ “ancien régime” était un paradis.
Il a fallu le tournant de 1982-1983, le blocage des salaires (que la droite n’aurait pu imposer), le respect du serpent monétaire (donc de l’UE en gestation), l’instauration des petits boulots (par la gauche toujours), la multiplication des licenciements, la création de l’UE - Delors, le début de dislocation de la nation, de ses départements et communes, l’euro qui a tout enchéri, les dénationalisations organisées surtout par Jospin et reprises par la droite, les privatisations de services publics, la disparition de la moitié de notre potentiel industriel, le contrôle complet de nos économies par la finance internationale américaine, présidée par un des néo-socialistes.

“La France serait comme l’Albanie”

C’est encore une phrase que l’on attribue à J. Delors parlant du passage de l’économie capitaliste à l’économie socialiste et elle est abondamment répétée ou pensée tout bas.
En 1981, il m’ a été donné d’expliquer en séance de formation pour les nouveaux adhérents socialistes - et il y avait 200 personnes dans la salle - que le PS d’Épinay s’était reconstruit sur l’idée qu’il tournait à la fois le dos à la politique d’adaptation au capitalisme de la SFIO (politique qui avait détruit ce parti) et à celle du stalinisme, c’est-à-dire du socialisme dans un seul pays, de la collectivisation forcée, de l’absence de démocratie (politique qui a détruit ce parti).
Je maintiens aujourd’hui, ce que j’affirmais à l’époque : il ne s’agit pas de collectiviser les terres (la banque le fait), les commerces (que le capital se charge de fermer), les petites entreprises, les métiers dits libéraux, de s’isoler dans le cadre étriqué d’un hexagone, il s’agit que la direction politique du pays soit socialiste dans le sens premier du terme.
Que l’on protège le travail, les postes, les usines, que l’on ne parle pas d’étrangler encore plus par l’impôt les salariés, y compris bien payés (70 % pour Valls !) mais que l’on supprime réellement les avoirs fiscaux, les déductions d’impôts permises par la spéculation financière.
Ce sont les salariés qui payent l’impôt, pas les spéculateurs. On a donné des centaines de milliards appartenant aux salariés au titre de la Sécurité Sociale aux entreprises. Qu’en ont-ils faits ? Où sont-ils ? S’ils les perdent en kraks boursiers, n’en sont-ils pas responsables ? Où sont les milliards pris aux salariés depuis le début du gel des salaires ?
De deux choses l’une, où ils ont enrichi encore davantage quelques uns, ou ceux-ci les perdent en opérations dans la crise. Dans les deux cas, pourquoi continuer à accepter de se serrer la ceinture, et de continuer à leur donner ?
Que l’on n’offre pas plus de 400 milliards aux banques, comme l’on fait Sarkozy-Fillon, banques qui viennent de dilapider notre argent, pour ensuite encore déprécier les salaires en allongeant le temps de cotisation et en cherchant à confier ces cotisations aux banques…

Pourquoi ne pas revenir à l’idéal socialiste ?

Bien comprendre, autrefois quand un pays devait beaucoup, il dépréciait sa monnaie, donc il devait moins… C’est en particulier ce mécanisme que la banque US ne pouvait accepter et qui l’a poussée à créer l’UE et son euro.
Aujourd’hui, le capital est au bord du gouffre, son UE, son Euro de même, et sa seule perspective pour nous, n’est pas meilleure que celle de l’Albanie…
On nous parle de la Chine, qui envahi nos marchés, mais n’y a-t-il pas réintroduction du capital en Chine, sans possibilité (pour l’instant) de syndicats libres, exigeant une hausse des salaires ? Ne faut-il pas se battre, en France comme en Chine, pour des syndicats libres, indépendants des gouvernants et des marchés ? C’est la hausse des salaires en Chine, en Corée, en Inde, en ex-URSS, qui bloquerait la création de tous ces nouveaux milliardaires, comme la désindustrialisation en France…
Si les salaires étaient plus forts ailleurs, pourquoi délocaliser chez nous ?
Si l’on produisait dans tous les pays, avec bien entendu une politique internationaliste de planification et d’entraide réelle, n’y aurait-il pas assez pour tout le monde ? Ne pourrait-on alors préserver les écosystèmes d’une pollution, dégradation et surexploitation imbéciles ?
Pourquoi ne pas revenir à la solution du socialisme, débarrassée de ses déviations aujourd’hui connues ?
Quel intérêt, sinon pour quelques uns, y a-t-il à chercher à continuer à défendre l’“ancien régime”, aujourd’hui véritable enfer pour la majorité ? Venir au pouvoir pour continuer à le défendre, est-ce seulement possible à gauche ? Peut-être, en se confondant - sur le fond au moins - avec la droite, mais même là, quel intérêt ? C’est du reste la raison pour laquelle il manque toujours les voix des pauvres, aux rejetés… Ceux-là mêmes qui avaient fait la différence en 1981, en sortant de leurs cités et leurs campagnes, ceux-là mêmes qui ont gagné au référendum contre l’UE et que l’on ne piétinera pas toujours.
N’est-ce pas Gordon Brown qui a perdu en Angleterre, parce qu’il se confondait avec la droite ? N’est-ce pas le SPD qui a battu Merkel en Rhénanie-Westphalie sur la ligne affichée du “retour aux valeurs fondamentales” du parti ?

Georges Hoffmann, 13 mai 2010

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