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Sur une page d’Histoire

Guerre des Paysans et Socialisme

PRESSE LIBRE - FREIE PRESSE - Le Journal des Égaux n°6 (Septembre 2008)

dimanche 14 septembre 2008, par Georges HOFFMANN

Introduction

Le travail historique et politique présenté ci-dessous doit constituer une aide précieuse pour tous ceux qui s’efforcent réellement de construire un parti ouvrier et paysan indépendant dans nos départements, en l’enracinant dans ses communes et cantons ruraux communes et cantons ruraux qui ont voté majoritairement NON à la Constitution européenne en 2005, qui ont massivement délibéré en 2006 pour défendre le régime local de Sécurité Sociale et ses remboursements à 90 % et 100 %.

C’est dans la continuité de ces interventions politiques que nous proposons aujourd’hui de tenir un certain nombre de réunions pour débattre de ces questions. Débat d’autant plus actuel que les directions “socialiste” et “démocrate-chrétienne” semblent s’être coalisées pour remettre en cause les acquis républicains ainsi que les acquis sociaux particuliers d’Alsace-Moselle, en soutenant la baisse des remboursements du régime local et en avançant aujourd’hui leur projet de fusion des deux départements et de District Européen.

Jean-Michel DELAYE


Sur une page d’Histoire

 
 
 
Guerre des Paysans et Socialisme

(Georges Hoffmann)

 

Il est vrai que le mot socialisme a été considérablement avili par les représentants des partis qui officiellement le représentent. Avili par la participation à la grande boucherie impérialiste de 1914, avili par le stalinisme qui finalement s’efface devant le capitalisme, avili par nos “socialistes” et “sociaux-démocrates” européens qui démontent, depuis 1982, puis l’UE, avec les partis de droite, les éléments démocratiques, républicains et socialistes arrachés depuis la révolution française, en 1905, 1936 et 1945.

Il n’y a cependant pas d’autre solution que de revenir aux sources du socialisme, à ses valeurs fondamentales. Il n’y a pas d’autre solution que de se réapproprier le socialisme, de reconquérir ces droits, ces acquis (les services publics, les mêmes lois pour tous dans une nation, les acquis sociaux, les nationalisations, la laïcité contre le communautarisme,…) faute de quoi, le retour en arrière risque de s’accélérer, et ce retour ne peut aller que vers la misère et la guerre.

Car le règne de l’exploitation de l’homme par l’homme est bâti sur l’oppression, l’irrationalisme, le mensonge permanent : ils disent qu’ils veulent faire l’UE contre les guerres, et nous bassinent de discours et de films sur ce thème, alors que précisément l’éclatement des nations qu’ils organisent, comme dans les Balkans, nous y conduit tout droit.

Aussi faut-il le socialisme, malgré tout cela et contre tout cela.

La question, c’est comment ?

J’ai relu et lu récemment, un certain nombre d’ouvrages sur les mouvements révolutionnaires qui ont ébranlé et formé l’Europe et ses nations durant les siècles précédents et voudrais y revenir pour ensuite aller de l’avant.

La féodalité, le moyen-âge ont représenté par rapport aux civilisations précédentes, notamment égyptiennes, grecques et romaines un très long retour en arrière sous la férule de l’église catholique. Un morcellement guerrier permanent, une Europe vaticane. Ce dont nous venons de parler, avec des moyens techniques infiniment moins élaborés…

Et pourtant, la Renaissance eut lieu.

La Réforme pose le problème du socialisme

C’est en 1515, date célèbre de cette renaissance, que Luther fut admis à enseigner les épîtres de Paul à l’Université de Wittenberg.

Mais la guerre des paysans en Allemagne, qui fit suite à la réforme de Luther, a représenté un véritable drame où il a semblé que les pauvres devaient toujours perdre.

Bien entendu, la réforme en Allemagne, puis dans toute l’Europe, avait été préparée par des siècles de lutte anti-catholique, en fait de luttes de classes entre princes de l’Église et féodaux d’une part, bourgeois et paysans d’autre part.

Ce sont les Cathares du midi de la France, les Bundschuh allemands, les Hussites tchèques, toujours écrasés, des siècles durant.

Mais en placardant ses 95 thèses sur l’église de Wittenberg (1517) notamment contre les indulgences,[1] Luther mit le feu aux poudres.

Si les formes intellectuelles de la lutte furent religieuse, le contenu en était beaucoup plus matériel : il s’agissait pour la bourgeoisie, ses villes libres, de conquérir ses libertés, de chercher à unifier la nation en vue d’une liberté de production et d’échange, il s’agissait pour les paysans, les vilains, les rustauds, de s’affranchir, de conquérir la terre. Freiheit

Luther a représenté l’unification de l’Allemagne, en traduisant la bible dans ce qui a donné l’allemand (le Hochdeutsch). En s’appropriant le Talmud, l’Ancien Testament de sa bible, il faisait un retour vers les origines juives du christianisme. Il cherchait alors une alliance avec ces “indépendants” que l’église catholique pourchassait depuis des siècles.[2]

En réalité la communauté juive en refusant de le suivre, prenait une importante décision : elle n’était plus le bouc émissaire de l’église catholique, l’étau était desserré enfin, le danger était maintenant les protestants. En même temps, elle ne laissait plus grande marge à Luther. D’autant plus que celui-ci, à l’instar du futur Cromwell en Angleterre, s’il voulait mettre à bas la féodalité, le voulait pour l’instauration du libre échange, de ce que l’on allait appeler le capitalisme, et non pour instaurer le communisme. Il allait donc s’allier aux princes protestant contre la mainmise de l’église catholique sur leurs sujets, contre précisément ces sujets, les paysans. Princes ou paysans, il fallait choisir. Car les paysans allemands, alsaciens,[3] voulaient la terre, contre les féodaux, les dignitaires de l’église romaine et les possessions des princes. La bourgeoisie des villes, si elle cherchait à s’émanciper de tous ceux-ci, ne voulait pas d’une remise en cause du droit de propriété. Or c’est ce que l’aile la plus décidée du mouvement de la Réforme souhaitait.[4] Münzer, qui la représentait, ordonné prêtre par Luther en Thuringe, prêchait que la “terre était à Dieu”. Ce qui signifiait, à personne sur terre, en tout cas pas au prince d’église, ni au prince protestant, ni au bourgeois…

C’est ainsi que toute l’Allemagne paysanne se souleva pour socialiser la terre.

P.-S.

Paru dans :
Presse Libre – Freie Presse - Le Journal des Égaux : 10 rue des Francs-Bourgeois 67000 Strasbourg

Documents joints

Notes

[1] L’église s’ingéniait à taxer les pauvres, si nombreux, et venait de trouver qu’on pouvait leur vendre moralement non seulement un paradis abstrait, mais le leur faire payer en plusieurs traites…

[2] Ce n’est qu’après avoir été rejeté par les dirigeants de ceux-ci, que Luther écrira son pamphlet contre les juifs, “Les juifs et leurs mensonges”.
Rejeté par les responsables juifs (alors que nombreuses communautés, dites “sectes” par les églises officielles, protestantes furent mi-juives), qui n’ont pas forcément été très clairvoyants en cette affaire, il s’alliera avec les princes. Sûrement, l’aurait-il fait de toute façon…

[3] À l’époque, l’Alsace était entièrement de tradition germanique, depuis le partage de l’empire de Charlemagne, 7 siècles plus tôt. Strasbourg était une ville libre allemande, au même titre que Leipzig ou Berlin. Ce n’est que par la suite que la France profita de l’éparpillement de la nation allemande, des querelles entre les Habsbourg dans le Haut-Rhin et les non-autrichiens dans le Bas-Rhin, pour imposer sa présence guerrière. C’est ainsi qu’Anne d’Autriche fit don de l’Alsace à Mazarin pour son Noël, et que Louis XIV put réaliser une annexion réelle en 1648 (Traité de Westphalie). De cette annexion (de force), vint la participation des alsaciens à la Révolution Française et leur acceptation (de plein gré) de la République Une et Indivisible française.

[4] Le même phénomène allait se produire en Angleterre un peu plus tard avec l’aile de Niveleurs ou Levelers de John Lilburne. Cromwell les écrasa avant que son successeur restaure une royauté anglaise bourgeoise et parasite. À noter que Lilburne sut totalement se fondre dans la masse et disparaître de la scène politique, lorsqu’il vit que les carottes étaient cuites, qu’il était trop tôt… Ce que ne fit pas Münzer en Allemagne, qui fut exécuté.

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