JAURÈS, AU SECOURS, ILS SONT DEVENUS FOUS ! “Actualité de Jean Jaurès”,

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Pour Jaurès, la démocratie même bourgeoise ne doit pas être méprisée. C’est lui qui a fait triompher au sein du mouvement ouvrier l’idée du lien entre République et socialisme. Alors que les guesdistes développaient par exemple des positions plus abruptes, estimant que c’était une erreur de rattacher le socialisme à la République et à la Révolution française, Jaurès au contraire a expliqué que la classe ouvrière avait un intérêt vital à défendre la République et la démocratie. Ainsi dans l’affaire Dreyfus expliqua-t-il ; “Il y a deux parts dans la légalité capitaliste et bourgeoise. Il y a tout un ensemble de lois destinées à protéger l’iniquité fondamentale de notre société ; il y a des lois qui consacrent le privilège de la propriété capitaliste, l’exploitation du salarié par le possédant. Ces lois nous voulons les rompre... Mais à côté de ces lois de privilège et de rapine, faites par une classe et pour elle, il en est d’autres qui résument les pauvres progrès de l’humanité, les modestes garanties qu’elle a peu à peu conquises par le long effort des siècles et la longue suite des Révolutions... Nous, socialistes révolutionnaires, nous voulons, dans la légalité d’aujourd’hui, abolir la portion capitaliste et sauver la portion humaine.”

N’est-ce pas de la plus grande actualité ? Pouvons-nous négliger la conquête révolutionnaire que furent les communes et les départements, au prétexte qu’ils furent établis par la vieille révolution de 1789 ? Pouvons-nous négliger la force d’opposition et de défense des intérêts populaires que représente cette armée de plus de 500 000 élus ? N’est-ce pas de leur contrôle que tous les technocrates et eurocrates veulent s’affranchir ? Ces élus ne sont-ils pas, ne seraient-ils pas, le meilleur gage de démocratie et de proximité s’ils reconquéraient les pouvoirs qu’on leur vole ? Quand le projet de loi de réforme territoriale veut constituer des établissements publics industriels et commerciaux, chargés d’administrer les “métropoles”, en lieu et place des structures de la République (conseils municipaux, généraux, voire régionaux, élus au suffrage universel), c’est un véritable basculement de société qui est projeté, qui n’a plus rien à voir avec la République.

Jaurès reste d’actualité pour bien d’autres raisons encore : au moment où les partis se divisent en autant d’écuries présidentielles que d’ambitions, qu’ils ne sont plus que des réseaux sans principes, voire des cyber-réseaux manipulables à toutes fins, la défense de l’existence même de partis comme base de la démocratie dans la République devient d’une importance capitale. Ces partis, que leurs pratiques bureaucratiques et parfois frauduleuses menacent d’autodissolution, constituaient le mécanisme de base pour le fonctionnement de la démocratie. Ils sont aujourd’hui menacés du dedans et du dehors. Mais aujourd’hui comme du temps de Jaurès, “il faut bien se garder de confondre certains chefs et les soldats. Très souvent les soldats étaient de bonne foi, quand les chefs n’étaient que des habiles pêchant en eau trouble.” C’est résolument aux soldats du socialisme, autrement dit aux militants ouvriers, que s’adresse cette brochure.

Jean Jaurès fut l’artisan reconnu de l’unité des socialistes. Considérant l’abandon actuel du programme de transformation socialiste de la société, à la base duquel les socialistes ont de tout temps placé la socialisation des grands moyens de production et d’échanges, c’est à ce rassemblement de tous les socialistes dans un parti de classe, indépendant des États et de l’UE, que nous nous sommes attelés. Pour notre part, militants socialistes, avec nos histoires diverses, nous avons décidé de poursuivre ce combat séculaire en travaillant dans l’unité avec tous les courants du mouvement ouvrier à l’édification d’un grand parti ouvrier indépendant, dans l’esprit fraternel qui était bien celui de Jean Jaurès.

Actualité de Jean Jaurès

Extrait de Réflexions (Pour la défense du socialisme) n° 170 d’octobre 2009

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