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Tribune libre

TERMINUS, TOUT LE MONDE DÉCENT ?

dimanche 5 octobre 2008, par Jean-Luc


Se battre sur la “décence” du système d’exploitation, c’est enjoindre –encore- les citoyens, les salariés, les travailleurs, à l’acceptation fataliste de la “légitimité” capitaliste et impérialiste.

Ratzinger-pape est-il contre le “travail décent” ? Non, certainement. Son ancêtre pape Léon XIII réclamait-il autre chose que cette “décence”, lorsqu’en 1893 il prenait position dans son encyclique Rerum novarum pour protéger le capitalisme et le troupeau catholique de la montée du socialisme ?

Evo Morales subirait-il d’aussi violentes attaques de la part des autonomistes et des séparatistes des provinces de la demi-lune, épaulés par les Etats-Unis, s’il ne revendiquait que cette “décence” ? Non, évidemment. Les mots ont un sens, et le programme de retraites universelles qu’il veut bâtir grâce à la taxe sur le gaz porte le nom de Dignidad. On pourrait peut-être envisager que la dignité est un concept moins aisément divisible et moins élastique que celui de décence.

En allant plus loin (et tant pis si ça gueule !) n’est-ce pas une “décence” similaire que demandaient en 1944 aux nazis, certains responsables juifs hongrois, soucieux que l’extermination se déroule de façon “humaine” (ce qui correspondait finalement aux vœux de Himmler, tout à sa recherche de moyens de tuer en masse qui puissent déresponsabiliser au mieux les bourreaux pour “humaniser” leur tâche) ?

Hannah Arendt pensait que les crimes du IIIe Reich reposaient sur l’absence de pensée, voire le refus de penser des acteurs de l’époque.

Un jour, devant le centre de rétention administrative de Geispolsheim, un officier de gendarmerie me confia qu’il s’agissait d’une “colonie de vacances”, et que les conditions y étaient “plus que décentes”… Soulagé, je rentrai chez moi le cœur léger. Sans plus y penser.

Le système néo-corporatiste en formation, auquel de nombreux syndicats acceptent malheureusement de participer aujourd’hui, n’est-il pas, en se chargeant d’inculquer lui-même aux salariés les mots du dominant, une machine à tuer la pensée ?

Le programme du Conseil National de la Résistance de mars 1944, lui, offrait de toutes autres perspectives que la prière oecuménique pour la “décence”. Il traçait le chemin d’une reconquête et d’un approfondissement démocratique, d’un progrès social véritable dans un cadre qui n’avait rien à voir avec la mollesse compassionnelle et la confusion moralisante, mais s’identifiait avec le combat contre l’injustice, par la conquête positive de droits.

En 2004, l’appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du C.N.R, lancé par un groupe d’anciens résistants, se terminait par ces mots : “Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : Créer, c’est résister. Résister, c’est créer.

Et, créer, c’est sans doute autre chose que de chercher à rendre l’injustice décente, et donc tolérable !

Jluc

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