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L’Europe : Pourquoi, comment, jusqu’où ?

Contribution du courant Rencontres Communistes du POI

dimanche 4 décembre 2011, par Serge BLOCH


« La mémoire est la sentinelle de l’esprit » (Macbeth)

La CECA (Communauté européenne du Charbon et de l’Acier) crée le 18 avril 1951 pour une durée de 50 ans est signée par le groupe des Six : France, RFA, Italie et pays du Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas).

En vue de l’instauration du marché commun, le traité instaure la libre circulation des produits, sans droits de douane ni taxes et crée les institutions supranationales chargées d’élaborer les politiques communautaires. Elle cherche à intégrer les syndicats à titre consultatif avec une pratique contractuelle de l’organisation sociale dans les entreprises.

Bernard Lamirand ancien membre du comité consultatif de la CECA et ancien Secrétaire de la fédération CGT de la métallurgie) rappelle que :
« (...) Le cartel de l’acier Sarre-Lorraine-Ruhr a longtemps dominé le monde industriel, économique et politique avant guerre. À la libération, celui-ci entendait reprendre toute sa place dans la nouvelle configuration politique et économique. Les liens de certains maîtres des forges avec l’appareil d’état nazi nécessitaient cependant d’autres formes d’organisation que le vieux cartel d’avant guerre. L’objectif des sidérurgistes français était de reprendre pied dans une Europe sous domination américaine, mais avec une crainte : la peur d’être nationalisée notamment là où les usines avaient travaillé à plein rendement pour l’industrie de guerre allemande. Pour De Wendel, Usinor et Schneider s’ouvrait une nouvelle période, celle de retrouver une crédibilité et reconstituer une force de frappe sidérurgique dépassant le cadre des frontières françaises. Ce n’était pas un chemin inconnu pour les maîtres des forges ; leur implication d’avant guerre dépassait leurs intérêts régionaux respectifs : De Wendel siégeait parallèlement dans les structures politiques économiques du Reich et de la France. Schneider s’était assuré une présence en Tchécoslovaquie avec les usines Skoda. (...)
(...) Nous sommes en plein dans les années 1950, période de la Guerre froide où toute évolution se trouve placé dans les rapports est-ouest. Il fallait y voir une réorganisation capitaliste de la production d’acier au niveau de l’Europe, prélude à d’autres mesures ensuite pour mettre en place une Europe libérale. (...)
(...) Ambroise Croizat, Secrétaire général de la FTM CGT, et ancien ministre du travail à la libération, s’exprimera avec force : « dire que le plan Schuman est un facteur de paix est une imposture. Ce n’est pas en unissant des matières premières sous le contrôle des états-majors des marchands de canons que l’on peut créer les conditions de paix et de réconciliation allemande. » (Éditorial de l’union métaux de mai 51). (...)
(...) La CECA va donc être vue comme un outil placé sous la férule des américains qui dicte sa loi en Europe. Elle reçoit en effet aides et subsides et des moyens modernes de fabrication de l’acier venant des États-Unis tels le train à bandes de Denain ainsi que La Sollac. (...)
(...) La CECA a été au centre d’une des plus grandes casses industrielles du 20ème siècle. (...)
(...) Des hommes politiques, en lien avec les USA, mettront alors les bouchées doubles pour créer les conditions d’une autorité européenne du charbon et de l’acier. J’en citerai les trois principaux protagonistes :
- Dean ACHESON ; ce n’est pas n’importe qui, c’est le ministre des affaires étrangères des États-Unis d’Amérique, c’est l’avocat de la grande banque américaine MORGAN et de la STELL, le plus grand trust américain de la sidérurgie.
- Conrad ADENAUER chancelier Allemand ; c’est l’ancien administrateur d’une dizaine de firmes allemandes d’avant guerre et porte-parole des sidérurgistes de la RUHR. Il a l’avantage d’avoir refusé de servir sous le nazisme.
- Robert SCHUMAN ministre français ; c’est l’ancien avocat du comité des forges, il se présenta même avant guerre aux élections sur la liste du très réactionnaire De Wendel, IL DONNA LES PLEINS POUVOIRS À PÉTAIN. »

La CECA a été dissoute le 23 juillet 2002. Il n’y a plus aujourd’hui en France et ce, depuis 2004, une seule exploitation de charbons. L’industrie sidérurgique est bien diminuée.

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